Jusqu’au 30 juin prochain, La Sucrière présente à Lyon la première grande exposition en France consacrée au travail du photographe néerlandais Erwin Olaf et intitulée "Emotions". Mêlant habilement photojournalisme et photographie de studio, il nous invite à une réflexion sur les émotions simples, discrètes, et rendues souvent imperceptibles dans une société aseptisante. L’esthétique sert ici un propos sans détour, notamment concernant les travaux TheKeyhole et Dusk & Dawn, sur lesquels nous avons souhaité échanger avec Erwin Olaf.
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Dans votre travail, vous jouez abondamment du paradoxe entre beauté extérieure et réalité intérieure. Est-ce selon vous le reflet de notre société qui nous invite à se voiler la face tout en se jouant de nos propres émotions ?
Les travaux que je poursuis actuellement sont, il est vrai, en réaction aux « fortes » émotions qui sont véhiculées dans les médias, notamment les shows de téléréalité. Il semble en effet que plus l’émotion sera intense, plus l’audience potentielle sera élevée. (Erwin prend un air faussement désappointé) Je suis plus volontiers attiré par les émotions subtiles, car elles me semblent plus sincères. Une tristesse simple et délicate associée à de douces représentations esthétiques me parle davantage. Au début du siècle dernier, cette recherche d’émotions pures était largement répandue.
Comment est née la série Dusk & Dawn et quel questionnement cherche à susciter ce travail ?
J’ai réalisé cette série à la demande de Kathy Ryan, directrice de la photographie du New York Times. Ce travail a par ailleurs été inspiré du livre The Hampton album de Frances Benjamin Johnston (ndlr : l’une des premières photojournalistes américaines).
L’aube (dawn) vient ici en réponse au crépuscule (dusk). L’idée est née lors d’un passage dans un hôtel moscovite. Dans le hall, une femme était assise avec son fils. Tous deux étaient vêtus de blanc, la peau pâle, et évoluaient dans un environnement très clair.
Avec Dusk & Dawn, je cherche à interpeller autant sur la forme que sur le fond. Ces deux éléments doivent-ils être jugés distinctement ? La forme dissipe-t-elle toute réflexion sur le fond ? Des questions que j’aimerais que le spectateur vienne à se poser en découvrant ce travail.
Les travaux que je poursuis actuellement sont, il est vrai, en réaction aux « fortes » émotions qui sont véhiculées dans les médias, notamment les shows de téléréalité. Il semble en effet que plus l’émotion sera intense, plus l’audience potentielle sera élevée. (Erwin prend un air faussement désappointé) Je suis plus volontiers attiré par les émotions subtiles, car elles me semblent plus sincères. Une tristesse simple et délicate associée à de douces représentations esthétiques me parle davantage. Au début du siècle dernier, cette recherche d’émotions pures était largement répandue.
Comment est née la série Dusk & Dawn et quel questionnement cherche à susciter ce travail ?
J’ai réalisé cette série à la demande de Kathy Ryan, directrice de la photographie du New York Times. Ce travail a par ailleurs été inspiré du livre The Hampton album de Frances Benjamin Johnston (ndlr : l’une des premières photojournalistes américaines).
L’aube (dawn) vient ici en réponse au crépuscule (dusk). L’idée est née lors d’un passage dans un hôtel moscovite. Dans le hall, une femme était assise avec son fils. Tous deux étaient vêtus de blanc, la peau pâle, et évoluaient dans un environnement très clair.
Avec Dusk & Dawn, je cherche à interpeller autant sur la forme que sur le fond. Ces deux éléments doivent-ils être jugés distinctement ? La forme dissipe-t-elle toute réflexion sur le fond ? Des questions que j’aimerais que le spectateur vienne à se poser en découvrant ce travail.
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Dusk & Dawn © Erwin Olaf - Tous droits réservés
Avec TheKeyhole, l'installation réalisée pour cette exposition est intimement liée à la photographie. Est-ce là un souhait de votre part de matérialiser la photographie au-delà du simple tirage ? Quel est le but recherché ?
Avec le projet The Keyhole, j’ai souhaité repousser au maximum les limites de la photographie. Ces dernières années, j’ai visité plusieurs expositions où l’approche dimensionnelle était mise en avant. À chaque fois, j’ai été déçu car je trouvais que le spectateur n’était pas réellement invité à se projeter dans cet espace. Avec TheKeyhole, c’est ce que j’ai cherché à faire : une exposition photographique exploitant l’espace et faisant du spectateur un acteur de celui-ci. Le défi était d’autant plus difficile à relever que le projet se révèle multidisciplinaire, combinant la photographie, la vidéo et des objets dans le but de faire sens commun. Dès lors que le spectateur colle son œil au trou de la serrure de l’installation, il devient acteur de la scène. C’est cela qui me rend heureux.
Ce trou de serrure illustre très bien mon travail actuel en photographie mais également dans le cadre des expositions que je réalise.
Vous invitez le spectateur à suivre des pistes mais en le laissant se faire surprendre, s'interroger. Finalement, préférez-vous laisser le spectateur réfléchir et juger plutôt que d'imposer une conviction personnelle à travers vos images ?
En tant qu’artiste, je ne souhaite pas conduire le spectateur dans une certaine direction, ni lui raconter une quelconque histoire. Je préfère bien davantage que celui-ci puisse s’impliquer dans cette exposition en s’imaginant sa propre histoire et en découvrant ses propres émotions. C’est un peu comme avec un film que vous avez aimé ou un livre qui vous a touché. Vous l’appréciez en fonction de votre vécu et interprétez l’histoire selon vos émotions personnelles.
Emotions, par Erwin Olaf • Exposition et installations à la Sucrière , à Lyon, Quai Rambaud • du 21 mars au 30 juin 2013.
Avec le projet The Keyhole, j’ai souhaité repousser au maximum les limites de la photographie. Ces dernières années, j’ai visité plusieurs expositions où l’approche dimensionnelle était mise en avant. À chaque fois, j’ai été déçu car je trouvais que le spectateur n’était pas réellement invité à se projeter dans cet espace. Avec TheKeyhole, c’est ce que j’ai cherché à faire : une exposition photographique exploitant l’espace et faisant du spectateur un acteur de celui-ci. Le défi était d’autant plus difficile à relever que le projet se révèle multidisciplinaire, combinant la photographie, la vidéo et des objets dans le but de faire sens commun. Dès lors que le spectateur colle son œil au trou de la serrure de l’installation, il devient acteur de la scène. C’est cela qui me rend heureux.
Ce trou de serrure illustre très bien mon travail actuel en photographie mais également dans le cadre des expositions que je réalise.
Vous invitez le spectateur à suivre des pistes mais en le laissant se faire surprendre, s'interroger. Finalement, préférez-vous laisser le spectateur réfléchir et juger plutôt que d'imposer une conviction personnelle à travers vos images ?
En tant qu’artiste, je ne souhaite pas conduire le spectateur dans une certaine direction, ni lui raconter une quelconque histoire. Je préfère bien davantage que celui-ci puisse s’impliquer dans cette exposition en s’imaginant sa propre histoire et en découvrant ses propres émotions. C’est un peu comme avec un film que vous avez aimé ou un livre qui vous a touché. Vous l’appréciez en fonction de votre vécu et interprétez l’histoire selon vos émotions personnelles.
Emotions, par Erwin Olaf • Exposition et installations à la Sucrière , à Lyon, Quai Rambaud • du 21 mars au 30 juin 2013.
Vue de l’installation « The Keyhole », 2011 © Erwin Olaf
© Erwin Olaf - Tous droits réservés
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