© Maria Alberola - Tous droits réservés
"Nous portons tous en nous des histoires. Il y a celles dont on parle beaucoup, celles dont on parle peu, celles dont on ne parle pas du tout.
En 2009, après plus de vingt-cinq ans en France, je ressens le besoin de retrouver mon pays natal, le Maroc. De toutes les histoires que l'on m'y a racontées il y en a une qui a donné un sens à mon voyage.
Lorsque j'arrive en gare routière de Casablanca il est trois heures du matin, la nuit est pleine, la rue est calme. Ma tante Zoubida est venue me chercher en voiture. Avec elle, une jeune fille d'une vingtaine d'année, elle parle un peu français, elle se charge de mes valises, me laisse monter à l'avant. Elle s'appelle Nezha, "c'est une cousine de la campagne" me dit ma tante.
Ma tante l'héberge. En échange, Nezha l'aide pour les courses, le ménage, les taches quotidiennes. Elle a fini ses études, elle cherche du travail sur Casablanca dans l'informatique. Pour l'instant, elle a trouvé un poste à l'usine. Au Maroc cette situation est assez commune.
Il est quatre heures du matin, le voyage en bus a duré deux jours, j'ai du mal à réfléchir, alors que Nezha m'a déjà servi à manger, installé mes affaires dans la chambre et continue à s'affairer autour de moi.
Je repenserai à tout ça demain….
Nezha et moi nouons des liens, elle m'accompagne souvent dans Casablanca et me sert d'interprète. Lors d'une discussion avec elle j'apprends qu'elle est née et a vécu dans la ville de Safi. C'est là qu'est née ma grand mère maternelle, que je n'ai pas connue car elle nous a quittés bien avant ma naissance, quand ma mère n'était encore qu'une adolescente. Elle me dit aussi qu'elle vit justement avec sa famille dans la maison de ma grand mère.
Je n'arrive pas à y croire.
Il ne m'en faut pas plus pour décider de me rendre à Safi. Ma tante ne souhaitera pas nous accompagner.
Quant à ma mère, que j'ai eu en ligne pour lui apprendre la nouvelle, elle ne semble pas surprise que je préfère la campagne à la ville, cela dit elle est émue, sans me dire pourquoi.
Nheza et moi faisons la route en bus. Je suis excitée. Nous sommes tout près d'arriver lorsque ma cousine me dit : "Tu vois Maria, c'est sur cette route que ta grand mère est partie, dans un accident de voiture. C'est pour ça que ta maman et tes tantes n'aime pas venir au village, à cause des souvenirs."
Cette phrase me fait un choc.
Je savais que ma mère avait perdu sa maman vers l'âge de seize ans lors d'un accident de voiture, mais je n'en savais pas plus. J'étais loin d'imaginer que je me retrouverai sur la route qui avait enlevé sa mère à la mienne. Je comprenais tout d'un coup pourquoi je ne connaissais rien de ce village, dont je savais à présent que ma mère y avait passé de nombreux moments étant jeune. Elle avait enfoui cet événement douloureux en elle pour pour qu'il ne rejaillisse plus et pour ça elle avait enterré avec sa mère une partie de sa vie. Sans le savoir je remuais son passé pour combler le mien.
Maman n'a pas vu ces images, mais nous avons évoqué tout cela ensemble sans s'y attarder. Si de mon côté je ressens le besoin de retourner là-bas, j'ai réalisé et compris que pour elle la page est tournée depuis longtemps.
Je n'ai pu rester que trois jours. Les images illustrent en partie ce court séjour. L'arrivée dans la ville de Safi, l'hospitalité, le quotidien, les coutumes, la famille, le village. Un village où le temps semble s'être arrêté. Il y a l'électricité mais pas l'eau courante, on entre dans la maison par l'étable, on va au hamam pour sa toilette, on vit de l'élevage et de l'agriculture.
J'ai encore tant à découvrir."
Maria Alberola
En 2009, après plus de vingt-cinq ans en France, je ressens le besoin de retrouver mon pays natal, le Maroc. De toutes les histoires que l'on m'y a racontées il y en a une qui a donné un sens à mon voyage.
Lorsque j'arrive en gare routière de Casablanca il est trois heures du matin, la nuit est pleine, la rue est calme. Ma tante Zoubida est venue me chercher en voiture. Avec elle, une jeune fille d'une vingtaine d'année, elle parle un peu français, elle se charge de mes valises, me laisse monter à l'avant. Elle s'appelle Nezha, "c'est une cousine de la campagne" me dit ma tante.
Ma tante l'héberge. En échange, Nezha l'aide pour les courses, le ménage, les taches quotidiennes. Elle a fini ses études, elle cherche du travail sur Casablanca dans l'informatique. Pour l'instant, elle a trouvé un poste à l'usine. Au Maroc cette situation est assez commune.
Il est quatre heures du matin, le voyage en bus a duré deux jours, j'ai du mal à réfléchir, alors que Nezha m'a déjà servi à manger, installé mes affaires dans la chambre et continue à s'affairer autour de moi.
Je repenserai à tout ça demain….
Nezha et moi nouons des liens, elle m'accompagne souvent dans Casablanca et me sert d'interprète. Lors d'une discussion avec elle j'apprends qu'elle est née et a vécu dans la ville de Safi. C'est là qu'est née ma grand mère maternelle, que je n'ai pas connue car elle nous a quittés bien avant ma naissance, quand ma mère n'était encore qu'une adolescente. Elle me dit aussi qu'elle vit justement avec sa famille dans la maison de ma grand mère.
Je n'arrive pas à y croire.
Il ne m'en faut pas plus pour décider de me rendre à Safi. Ma tante ne souhaitera pas nous accompagner.
Quant à ma mère, que j'ai eu en ligne pour lui apprendre la nouvelle, elle ne semble pas surprise que je préfère la campagne à la ville, cela dit elle est émue, sans me dire pourquoi.
Nheza et moi faisons la route en bus. Je suis excitée. Nous sommes tout près d'arriver lorsque ma cousine me dit : "Tu vois Maria, c'est sur cette route que ta grand mère est partie, dans un accident de voiture. C'est pour ça que ta maman et tes tantes n'aime pas venir au village, à cause des souvenirs."
Cette phrase me fait un choc.
Je savais que ma mère avait perdu sa maman vers l'âge de seize ans lors d'un accident de voiture, mais je n'en savais pas plus. J'étais loin d'imaginer que je me retrouverai sur la route qui avait enlevé sa mère à la mienne. Je comprenais tout d'un coup pourquoi je ne connaissais rien de ce village, dont je savais à présent que ma mère y avait passé de nombreux moments étant jeune. Elle avait enfoui cet événement douloureux en elle pour pour qu'il ne rejaillisse plus et pour ça elle avait enterré avec sa mère une partie de sa vie. Sans le savoir je remuais son passé pour combler le mien.
Maman n'a pas vu ces images, mais nous avons évoqué tout cela ensemble sans s'y attarder. Si de mon côté je ressens le besoin de retourner là-bas, j'ai réalisé et compris que pour elle la page est tournée depuis longtemps.
Je n'ai pu rester que trois jours. Les images illustrent en partie ce court séjour. L'arrivée dans la ville de Safi, l'hospitalité, le quotidien, les coutumes, la famille, le village. Un village où le temps semble s'être arrêté. Il y a l'électricité mais pas l'eau courante, on entre dans la maison par l'étable, on va au hamam pour sa toilette, on vit de l'élevage et de l'agriculture.
J'ai encore tant à découvrir."
Maria Alberola
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