A dévorer des yeux, par Alexandre Dubosc

Alexandre et ses petits carnets. Voilà qui définit à merveille, je pense, ce personnage à l'esprit en perpétuelle ébullition. Tel un musicien ou un parolier, il prend des notes de tout ce qui lui passe par la tête. Des idées, bien sûr, mais qui finissent le plus souvent à ressembler à de petits défis lancés à lui-même. "En fait, j’aime chercher des idées, trouver des choses à explorer. J’ai de petits carnets dans mes poches que je complète un peu dès que ça vient. Après les pensées les plus importantes, obsédantes, finissent par revenir en « surface » et alors je me décide à faire une photo. Je fais aussi des rassemblements d’idées brutes afin de créer des oppositions, des parallèles des simplifications et ainsi aborder mes concepts autrement. Je suis plus souvent noyé et angoissé par la difficulté d’un choix pour faire une photo que de sécher tout simplement… Il y a tant de choses à expérimenter. Je préfère bien souvent avoir le conditionnement d’un thème, d’un concours, cela limite le champ des possibles et c’est donc plus simple pour concevoir. En réalité, je ne suis jamais vraiment à court d’idée mais bien davantage de temps pour traduire les idées en photo."

A l'origine, Alexandre travaille dans l'animation vidéo. Travailler l'image fixe est donc pour lui autant un challenge supplémentaire qu'une réflexion plus poussée sur l'image. "Je me suis lancé dans la photographie afin de réfléchir et d'approfondir d’une certaine manière les bases de la sémiologie de l’ « image », qui me fascine depuis toujours. L'objectif est de pouvoir ensuite refaire des choses qui bougent avec plus de force et plus de sens."

Pour lui les deux univers sont intimement liés et peuvent s'enrichir l'un l'autre. "Le côté préparation apporte le même plaisir dans les deux activités : la partie conception des idées comme le story-board pour le film ou les croquis pour la photo. En réalité, je conçois mes photos avec un scénario en tête, un cheminement de compréhension à travers le titre, souvent à tiroir, et l’image qui complète ou ironise l’idée principale."

Si cette série d'une dizaine d'images peut être "dévorée" en quelques minutes, il en est tout autre de la réalisation. Et si Alexandre relève bon nombre de défis, la tâche qui l'attend à chaque fois l'anime durant un bon moment. "En moyenne, il faut compter dix jours pour fabriquer entièrement une photo et son making-of. C’est assez long et je m’en fais souvent le reproche. La recherche de l’idée principale est pour moi la plus longue partie mais également la plus importante et la plus plaisante. Elle détermine pour moi l’intérêt de la photo. A l'image du scénario d’un film. Au final, la recherche, la conception et la fabrication m'occupent six jours environ. La mise en scène, l'éclairage et la prise de vue, environ deux jours. Le making-of, deux jours également."

Du 1er au 31 mars 2010, Alexandre Dubosc expose au Merle Moqueur, à Paris. Après avoir exposé dans un restaurant, Le Vingtième Art, en juillet dernier, c'est une librairie qui accueille actuellement ses images. "Je n’ai pas vraiment cherché un lieu en particulier. C’est un peu les endroits sympathiques que je fréquente. Cela me paraît logique et en harmonie avec moi d’exposer dans un lieu que j’aime. Je n'ai pas d’attente particulière. Au contraire, je recherche la rencontre inattendue car je crois à la richesse des rencontres entre les gens. Et les personnes fréquentant une librairie ne peuvent être que curieux et intéressants."

A DEVORER DES YEUX
Une série d'images d'Alexandre Dubosc
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A DEVORER DES YEUX - L'EXPOSITION
Du 1er au 31 mars au Merle Moqueur
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