Compétence Photo et La Galerie Palladion exposent Sandra Fastré à Toulouse du 8 juin au 13 juillet 2012 (interview)

par Gérald Vidamment, le Lundi 4 Juin 2012

A l'occasion des Irréelles #4 de Toulouse, des rencontres et expositions photographiques initiées par le magazine, Compétence Photo et La Galerie Palladion se sont associés pour exposer les photographies de Sandra Fastré, du 8 juin au 13 juillet 2012.



Compétence Photo et La Galerie Palladion se sont associés pour exposer durant plus d'un mois cinq photographes, suivis depuis plusieurs années par le magazine. Parmi eux, la photographe toulousaine Sandra Fastré. Rencontrée il y a quelques années, Sandra a récemment collaboré au magazine, signant une grande enquête sur la phonéographie dans le numéro 25, ainsi qu'une interview du photographe Philippe Guioni. Mais c'est en tant que photographe que nous avons suivi son travail et sommes aujourd'hui ravis de pouvoir le présenter à travers sa dernière série intitulée "Originel".

Pour les Irréelles #4, Sandra Fastré exposera à la Galerie Palladion une sélection de ses photographies les plus récentes. Présente le 8 juin prochain pour la lecture de portfolios et le vernissage, Sandra a accepté de répondre à quelques questions sur son travail.
© Sandra Fastré • Tous droits réservés

Quel regard portes-tu aujourd'hui sur ton travail ?
Lorsque je fais le bilan, je constate une nette évolution depuis 2008, période où j'ai débuté mes expériences photographiques. A l'origine, je souhaitais comprendre le fonctionnement de l'appareil, ses possibilités techniques en fonction du résultat que je souhaitais obtenir. Je fonctionnais à l'instinct, j'accumulais beaucoup d'images sans trop savoir ce que j'allais en faire par la suite. Je ne me posais aucune question. Un an après, en 2009, un ami photographe amateur m'a lancé un défi de proposer une série pour une exposition collective. A partir de cette période j'ai commencé à intellectualiser les projets. Définir un propos, construire une histoire, donner du sens à un sujet photographique.
Puis j'ai commencé à candidater à des appels à projets et concours où chaque fois je me lançais un nouveau défi sur le sujet, son traitement, son angle d'approche. Rapidement j'ai voulu me confronter à un regard extérieur pour faire le bilan de mon état d'avancement tant sur la forme que sur le fond du projet.
De rencontres en rencontres, je me suis intéressée aux différentes écoles, aux auteurs, aux photographes. Je n'hésitais pas à les interroger afin de mieux comprendre où je me situais, qui j'étais du point de vue photographique.
Aujourd'hui j'ai beaucoup appris, et j'apprends encore. A vrai dire je me nourris tout le temps de ce qui se passe autour de moi, des suggestions que l'on me formule, des conseils précieux que l'on me prodigue.

Je propose une vision personnelle des "choses de la vie" ou sur des sujets qui m'interpellent quitte à être parfois décalée par rapport à ce que l'on a l'habitude de voir dans les expositions et festivals. Je suis non formatée car autodidacte, donc tout est possible.
Je n'hésite plus à prendre un parti pris différent même s'il ne correspond pas à la norme, à l'attente générale de découvrir le même type de format, le même type de traitement pour toutes les séries. C'est dans ces termes qu'il y a une évolution dans mon travail actuel et ce que je propose. J'aime l'idée de créer et de raconter une histoire tout en m'affranchissant de certains codes, je l'assume pleinement. Je n'ai rien inventé, je réfléchis comment je peux utiliser le médium photographique que ce soit du numérique ou de l'argentique. De quelle façon je peux présenter une vision différente aussi pour que le spectateur soit surpris et s'interroge autant sur le fond que sur la forme. Non seulement je construis du sens dans le choix des images, leur articulation, les prises de vue, la technique que j'applique, le choix du support, leur format, la couleur ou le noir et blanc, les modes de lecture mais aussi via les questions que je me pose pour tout sujet pour construire le propos d'auteur et questionner l'autre via l'image. A chaque fois c'est une nouvelle prise de risque, une nouvelle histoire, un nouveau projet et c'est très stimulant.

C'est ta première exposition dans une galerie. Comment appréhendes-tu cette opportunité ?
C'est une très belle opportunité et lorsque tu m'as proposé de participer à ces Irréelles #4, je n'ai eu aucune hésitation à accepter. Le fait de pouvoir exposer dans une galerie est une sacrée chance. Nous disposons d'un très beau lieu, avec une histoire dans le milieu de l'art sur Toulouse certaine. Je suis ravie de répondre à ce nouveau challenge. De plus c'est un pari fou de donner à voir dans un espace habituellement dédié à la peinture, au dessin et à la sculpture. Je suis honorée de faire partie de cette programmation, de pouvoir proposer un travail dans un lieu magique pour tout photographe. Enfin je suis ravie d'être au côté d'autres photographes pour certains que je connais et d'autres avec qui je vais pouvoir échanger.

Comment perçois-tu la démarche entreprise par Compétence Photo à travers les Irréelles et qu'est ce qui t'intéresse plus particulièrement dans celle-ci ?
La démarche est innovante, et ce qui m'a conquise est l'idée de se déplacer hors de Paris. Un périple dans plusieurs villes différentes avec des photographes différents à chaque fois. J'aime cette idée de métissage des approches photographiques, les rencontres physiques. Connaître le travail d'un autre photographe et échanger avec lui par internet a ses limites. Découvrir le travail d'autrui dans un espace où il est possible de prendre du temps et de discuter sur place est très riche. Internet ne remplace pas ces échanges, il donne l'illusion d'une proximité et d'une instantanéité mais il faut aller plus loin. C'est ce qu'offre Les Irréelles, aller au-delà du simple échange sur un clavier ou écran d'ordinateur, partager des moments, qui, pour chacun resteront gravés, découvrir d'autres regards car l'exposition permet une lecture différente d'un travail.

Cette exposition est l'occasion pour toi de franchir le pas du statut d'amateur au statut d'auteur photographe. Est-ce important pour toi ?
C'est un pas énorme. Jusqu'à présent j'avais besoin de grandir. Il était nécessaire de prendre le temps de réfléchir et d'évaluer l'évolution de ma situation. Je me dis que tout vient à point à qui sait attendre ! Lorsque c'est le moment tout se déroule naturellement.
Les conditions de travail et de rémunération de la profession sont quelque peu malmenées depuis quelques temps déjà et j'hésitais pour être franche à passer ce cap. Il est vrai que c'est une activité secondaire me concernant. Ceci étant dit cette exposition me conforte dans l'idée que quelque chose se passe et il est temps de modifier mon statut. Cette phase est très importante et Compétence Photo me permet de poser un pied du point de vue professionnel. Tentons et nous verrons bien ce que l'avenir me réservera.
© Sandra Fastré • Tous droits réservés

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