Résurgence • épisode 1 : La Crem’arbre • La série photographique racontée par Alexis Pichot


par Gérald Vidamment, le Jeudi 4 Juillet 2024


La Crem’arbre "Cette photographie a été prise en novembre 2023 ; j’étais arrivé depuis deux jours dans ce nouveau lieu d’occupation, d’habitation dit la Crem’arbre, à Saïx dans le Tarn. C’est le neuvième depuis le début de la lutte contre le projet autoroutier de l’A69, censé relié Castres à Toulouse. Sur les huit autres, les écureuil.le.s – surnom donné aux personnes vivant dans les arbres pour les défendre – sont descendu.e.s suite aux répressions vécues des forces de l’ordre. Malheureusement, des milliers d’arbres ont d’ores et déjà été abattus ; et des centaines d’hectares de terres agricoles ont vu leur futur pétrifié, étouffé.
Pour mon premier séjour avec les écureuil.le.s, j’avais en tête de créer une image qui puisse symboliser leur résistance pacifique de manière poétique. Je leur ai donc proposé de photographier de nuit leurs espaces de vie perchés à plus de 20 m du sol, où chaque personne depuis son arbre allait faire apparaître sa présence grâce à la lumière de sa frontale et ainsi révéler l’intérieur des houppiers, la présence de leurs maisons.
J’avais mis en place mon appareil photo sur un trépied et programmé un temps de pose de 5 mn durant lequel les lumières allaient scintiller dans les arbres. C’était une nuit sans lune ; par conséquent, je ne pouvais pas compter sur celle-ci pour éclairer l’ensemble du paysage. Pour pallier ce problème, j’ai équipé mon drone d’un éclairage de type led puis l’ai fait voler hors cadre (de l’appareil photo sur trépied) dans le but d’illuminer le sol du premier plan ainsi que la cime des arbres.
L’âtre orangé au sol représente le feu de camp où j’ai eu la chance de partager des moments de vie importants tels que les réunions, les repas, les rires, les tensions, les silences... sur fond de cliquetis des mousquetons dansant sur les baudriers.
Chaque nuit passée dans le houppier d’un chêne ou d’un platane fut pour moi une expérience merveilleuse ; grimper sur la corde et atteindre mon lit en laissant le sol au passé ; me faire bercer par le léger mouvement des branches m’a donné un goût de voyage unique malgré des nuits pouvant être difficiles dues aux morsures du froid ou celles hantées des machines, ces abatteuses."

Alexis Pichot

Soutenez Alexis Pichot

La série "Résurgence" d'Alexis Pichot a été retenue par Gérald Vidamment, rédacteur en chef de Compétence Photo pour concourir aux Zooms 2024, organisés par le Salon de la Photo.

VOTEZ pour Alexis Pichot
et sa série intitulée "Résurgence"
.
>> CLIQUEZ ICI pour voter <<

INVITATION Pour vous remercier de votre vote, vous recevrez prochainement par mail
une invitation au Salon de la Photo 2024, qui se tiendra du 10 au 13 octobre 2024.

DÉCOUVRIR la série complète "Résurgence"
>> CLIQUEZ ICI <<

Pourquoi avoir choisi Alexis Pichot ?

Depuis des années, Alexis Pichot sillonne la nuit en solitaire, cherchant à témoigner de la beauté du monde ; toujours proche de la nature, mais toujours loin des hommes. Avec la série Résurgence, il se confronte pour la première fois à une autre réalité : celle d’une lutte pacifique pour préserver ladite nature et y maintenir l’harmonie. En ligne de mire, le projet autoroutier de l’A69, qui a déjà mis à terre de trop nombreux platanes centenaires. En réaction, une multitude d’« écureuils », vent debout, investissant les arbres, jour et nuit, jusqu’à ce que les gouvernants retrouvent la raison. Si les idéaux de ces militants – en herbe pour certains – sont pluriels, l’esprit du collectif reste bel et bien enraciné. Une cause pour une voix : No macadam ! Chaque mois, Alexis rejoint les locataires de plusieurs houppiers, dans un des lieux d’indignation baptisé La Crem’Arbre, à Saïx dans le Tarn. Chaque jour, il y prend la mesure de leur engagement inébranlable, de leur ferveur contagieuse et de leur indicible opiniâtreté. Plus qu’un état des lieux, en partie déjà ravagés, ses photographies révèlent un état de fait : des défenseurs de la nature contraints de s’opposer à la destruction aveugle d’un massif forestier pourtant classé à haute valeur environnementale. Mais pour eux, l’évidence ne fait aucun doute : l’odeur du bitume ne sera pas encore celle de cette nouvelle nuit.
Gérald Vidamment