Résurgence • épisode 5 : Le siège • La série photographique racontée par Alexis Pichot


par Charles Benhamou, le Mercredi 10 Juillet 2024


Le siège "Cette photographie a été prise le 18 février 2024, lors du quatrième des trente-neuf jours du siège des gendarmes à la Crem’arbre. La veille, j’étais le premier des dix-neuf écureuil.le.s à être descendu.
De retour sur le sol et déjà je sens que mon corps s’était habitué à déambuler sur les branches, à flirter avec les oiseaux. Ma marche est approximative… j’imagine l’effet pour celles et ceux qui descendront plus tard... je ne pensais pas que cela serait si long.
Le contexte de cette photographie révèle la distance imposée par les forces de l’ordre ; cette sensation d’être mis à l’écart pour le soutien au sol ; ils tentent de couper le lien. En haut, je n’avais pas eu ce ressenti. Si nous étions isolés, nous nous sentions néanmoins entourés, soutenus. Malgré les confrontations au sol, nous avons continué à nous organiser afin de bénéficier de plus de confort et de protection face aux intempéries et à la pression des gendarmes."

Alexis Pichot

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La série "Résurgence" d'Alexis Pichot a été retenue par Gérald Vidamment, rédacteur en chef de Compétence Photo pour concourir aux Zooms 2024, organisés par le Salon de la Photo.

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Depuis des années, Alexis Pichot sillonne la nuit en solitaire, cherchant à témoigner de la beauté du monde ; toujours proche de la nature, mais toujours loin des hommes. Avec la série Résurgence, il se confronte pour la première fois à une autre réalité : celle d’une lutte pacifique pour préserver ladite nature et y maintenir l’harmonie. En ligne de mire, le projet autoroutier de l’A69, qui a déjà mis à terre de trop nombreux platanes centenaires. En réaction, une multitude d’« écureuils », vent debout, investissant les arbres, jour et nuit, jusqu’à ce que les gouvernants retrouvent la raison. Si les idéaux de ces militants – en herbe pour certains – sont pluriels, l’esprit du collectif reste bel et bien enraciné. Une cause pour une voix : No macadam ! Chaque mois, Alexis rejoint les locataires de plusieurs houppiers, dans un des lieux d’indignation baptisé La Crem’Arbre, à Saïx dans le Tarn. Chaque jour, il y prend la mesure de leur engagement inébranlable, de leur ferveur contagieuse et de leur indicible opiniâtreté. Plus qu’un état des lieux, en partie déjà ravagés, ses photographies révèlent un état de fait : des défenseurs de la nature contraints de s’opposer à la destruction aveugle d’un massif forestier pourtant classé à haute valeur environnementale. Mais pour eux, l’évidence ne fait aucun doute : l’odeur du bitume ne sera pas encore celle de cette nouvelle nuit.
Gérald Vidamment