Tissue and bones • épisode 4 : I've been hanging on the other side • La série photographique racontée par Anne-Laure Etienne


par Gérald Vidamment, le Jeudi 3 Aout 2023


I've been hanging on the other side "Cette photographie représente un personnage essayant de s’extraire de la réalité ; il tente d’échapper à toute vérité, toute matérialité. Je crois qu’il s’agit de ma version personnelle d’Alice aux pays des merveilles. Qui n’a pas rêvé d’entreprendre un voyage au pays des rêves en abandonnant tous ses repères ? Le titre de cette image a été inspiré par un morceau du groupe Américain The War on Drugs, Nothing to find. J’aime beaucoup cette musique, elle m’emporte dans un univers à la fois nostalgique et heureux. Le clip est également merveilleux : on démarre sur une séquence dans un paysage magnifique, une voiture entièrement recouverte de verdure ainsi que le personnage qui la conduit. Le protagoniste totalement enfoui sous les feuilles est accompagné d’une femme qui n’est pas déguisée. Le clip se révèle absolument surréaliste et décalé mais aucun des deux personnages ne semble troublé, comme si l’étrange et l’absurde faisaient partie de leur normalité."
Anne-Laure Etienne

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La série "Tissue and bones" d'Anne-Laure Etienne a été retenue par Gérald Vidamment, rédacteur en chef de Compétence Photo pour concourir aux Zooms 2023, organisés par le Salon de la Photo.

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Pourquoi avoir choisi Anne-Laure Etienne ?

Depuis plusieurs années, à travers une série d’autoportraits rassemblés sous l’intitulé Tissue and bones, Anne-Laure Étienne entreprend de réhabiter le monde. Sensible aux lieux, aux formes, aux densités et à la spiralité inconsciente d’une planète qui tourne irrésistiblement en rond, elle entame alors un dialogue vibrant et tactile, fait de fibres et d’ondes, de sentiments éthérés et d’étoffes déployées. En ralentissant le temps, elle le fait revivre à contre-courant. En réinventant le geste, elle virvousse avec tendresse et délicatesse. En chahutant l’horizon, enfin, elle bâtit l’invisible. Si les silences se font l’écho de ce ressourcement inespéré, quelques murmures épars glissent néanmoins lentement jusqu’à nous, telle une mélodie surgissant des airs pour se dérober sous la roche. Tantôt elle nous conte l’amour sous la forme d’un refuge douillet caressé par la brise d’un cœur léger, tantôt elle entremêle végétal et minéral au fil d’instants suspendus. Et toujours cette sensation désarçonnante que l’équilibre ne tient qu’à un cheveu rebelle et non à une ligne droite tracée mécaniquement au loin… Sans conteste, Anne-Laure Etienne n’a plus seulement que les pieds hors sol ; c’est tout son corps qui flotte parmi les éléments.
Gérald Vidamment