Dans trois jours, le monde entier reviendra au chevet du Japon pour fêter le triste second anniversaire de la catastrophe de Fukushima. Une zone de quelque mille kilomètres carrés entièrement dévastée, désertée. Près de 16 000 morts, 2700 disparus, 110 000 personnes déplacées. Un million de maisons détruites. Quel bilan chiffré faut-il donc pour ne pas oublier et prendre conscience de l'ampleur de ce désastre ? Pour Carlos Ayesta, photographe vénézulien, et Guillaume Bression, photographe français installé au Japon depuis trois ans, se rendre sur place était une nécessité. Pour constater. Et rendre compte au monde. Leur série "Clair obscur à Fukushima" lève le voile sur des villes abandonnées, où la vie s'est brusquement arrêtée, figée, pour aujourd'hui sombrer dans l'obscurité, et l'oubli. À quelques exceptions près, la lumière des images d'Ayesta et de Bression ne provient pas des éclairages publics mais de flashs installés à la nuit tombée. Ici, les photographes n'ont pas cherché à mettre en valeur les édifices urbains, ni à leur redonner artificiellement vie, mais bien à les faire réapparaître à nos yeux, à notre mémoire. Telles des "anomalies" dans un paysage de désolation, où l'écho trop pesant ne franchit désormais plus les barrières de la zone de sécurité. Si ces images glacent, elles brisent avant tout l'enceinte de confinement dans laquelle la conscience collective souhaiterait enfermer à jamais cette zone interdite. Sélectionnée par le jury du festival Circulation(s) et par Fetart, la série "Clair obscur à Fukushima" est actuellement exposée à la Galerie Côté Seine du Parc de Bagatelle, à Paris, jusqu'au 31 mars.
© Carlos Ayesta et Guillaume Bression - Tous droits réservés