De la Région autonome ouïgoure du Xinjiang aux deux Corées, le festival ImageSingulières nous ouvre de nouveau les yeux

Après deux années d'interruption, le festival ImageSingulières rouvre ses portes à Sète du 26 mai au 12 juin 2022. Cette quatorzième édition est marquée par l'agrandissement de l'espace occupé par les expositions, avec notamment le doublement de la superficie du Centre photographique documentaire ainsi que la réouverture du Chai des Moulins à l'occasion de ce rendez-vous photographique. Affichant une programmation plus engagée que jamais, le festival présentera dès le mois de mai prochain quelque treize expositions réparties sur neuf lieux. Parmi celles-ci figure notamment le travail de Patrick Wack, intitulé Dust et présenté dans l'ancien cinéma The Rio. Réalisé dans la Région autonome ouïgoure du Xinjiang, il rassemble deux séries photographiques, Out West et The Night Is Thick, produites respectivement en 2016-2017 et 2019. La première lève le voile sur les premières années de la répression de la minorité ouïghoure et la construction des premiers camps de "rééducation" décidé par le Parti communiste chinois. La seconde présente le quotidien de ces peuples musulmans turcophones condamnés au travail forcé, à la prison, voire à la stérilisation. Exposé au Musée Ethnographique de l’Étang de Thau à Bouzigues, le voyage imaginaire du photographe Sébastien Van Malleghem nous plonge au coeur d'une expérience solitaire intense où l'humain (re)noue de manière improbable et non préméditée avec une "nature puissante". Qu'importe le lieu de cette pérégrination inattendue, nous sommes tout à la fois ici et ailleurs. À noter que ce travail baptisé Allfather a fait l'objet d'un livre de photographie édité par Renegades et Photopaper. Remarquons enfin l'étonnante série Unperson de Tim Franco, présenté dans la gare SNCF de Sète. Installé en Corée du Sud, le photographe franco-polonais réalise depuis plusieurs années des portraits de défecteurs nord-coréens. Des personnes ayant fui leur pays par désespoir pour rejoindre la Corée du Sud et faisant face à de nouvelles difficultés pour s'intégrer dans leur nouvelle vie, non lion de leur pays natal. Ces portraits sont d'autant plus surprenants qu'ils ont été réalisés en utilisant un procédé chimique inédit capable d'exploiter ce que le photographe nomme un négatif Polaroid.

Festival ImageSingulères
26 mai au 12 juin 2022 • Sète
festival.imagesingulieres.com