Dix années. Dix années que Nicolas Messyasz réalise son journal photographique, présentant une image quotidiennement sur son site. Si les projets dits "365" (une photo par jour durant un an) sont légion, le travail de Nicolas Messyasz mérite une attention toute particulière, notamment en raison de la durée exceptionnelle de son projet. On y découvre la patte d'un photographe qui prend confiance en lui au fil des années, trouve son style, impose ses sujets et ses cadres. L'occasion également de revivre des événements qui ont marqué la décennie passée. Sans un mot, juste en images.
Pour marquer ces dix ans de prises de vue au jour le jour, Nicolas a compilé dans une vidéo de vingt-trois minutes une large sélection d'images couvrant la période 2002 à 2012. Toutes les photographies ne sont pas présentes dans cette rétrospective. Il s'en explique (lire plus bas) dans un entretien qu'il a bien voulu nous accorder.
Pour marquer ces dix ans de prises de vue au jour le jour, Nicolas a compilé dans une vidéo de vingt-trois minutes une large sélection d'images couvrant la période 2002 à 2012. Toutes les photographies ne sont pas présentes dans cette rétrospective. Il s'en explique (lire plus bas) dans un entretien qu'il a bien voulu nous accorder.
Comment est née l'idée de réaliser un tel journal ? Comment a-t-elle évolué au fil des années ?
C'était un défi que je m'étais lancé pour avancer dans ma pratique photographique. Le constat était sévère, je l'accorde, mais je n'aimais pas mes photos. Je les trouvais fades, sans aucun intérêt. Et l'achat de mon premier appareil photo numérique n'allait rien changer, bien au contraire. Le choc fut brutal, presque périlleux.
Au début, faire une photo par jour m'était difficilement tenable, et je ne m'y tenais pas. Ma règle était donc la suivante: "Je dois choisir une seule photo par jour parmi celles que j'ai pu prendre." C'était très difficile. L'argentique et ses précieuses pellicules n'étaient pas de lointains souvenirs, et j'avais le sentiment que le numérique venait gâcher "ma" photographie.
Au bout de quelques mois, le jeu a pris forme, et est devenu moins contraignant. J'entrais enfin dans le vif de ma démarche : "Comment se renouveler quand on a tous les jours les mêmes choses en face des yeux ?"... Aujourd'hui, je n'y pense même plus. Je vis avec, comme le café du matin, comme on part travailler. Je considère à présent cette démarche comme une forme de progrès perpétuel. Une constante remise en question. C'est mon objectif d'humilité. L'idée que je me fais du photographe, c'est celui qui se met à la hauteur du monde qu'il regarde. Jamais plus haut, surtout pas. Et c'est sentir qu'on a toute cette marge de progression devant soi.
Quel regard critique portes-tu aujourd'hui sur ton travail en regardant défiler dix ans d'images en moins de vingt-trois minutes ?
Je vais être franc, je pense qu'il y a dix ans, je ne voyais rien, et qu'aujourd'hui j'ai le sentiment de porter des lentilles correctrices. Mais une vue, ça baisse, alors il faut la contrôler, apprendre qu'on perd un petit peu, et corriger autant que l'on peut. Les premières photos, sans être passéiste, restent sous l'emprise de la nostalgie. Des moments forts, vides, oubliés, qui reviennent en mémoire. Mais vingt-trois minutes c'est court. On ne peut pas mettre dix ans d'une vie dans vingt-trois minutes. Pour moi, en tous cas, c'est impossible.
Comment as-tu sélectionné les photographies présentées dans le diaporama ?
À l'affectif... C'est assez distordu sur une ligne temporelle, mais c'est délibéré. J'ai retenu des photos que j'assume, des moments forts, des secondes qui me sont indispensables, encore aujourd'hui.J'ai volontairement occulté la majorité des moments tristes, souhaitant orienter le diaporama vers une douce poésie, un peu amère, ironique, mais restant tournée vers le lendemain et non vers le passé.
Tu termines le diaporama par ces mots : "Ceci n'est pas une fin. Continuer me semble une évidence." Finalement, n'est-ce pas le propre du photographe de ne jamais s'arrêter de capturer des instants ?
Quand j'ai eu fini les versions préparatoires de ce diaporama, il y a environ un mois, j'ai eu le sentiment d'avoir, pour la première fois, quelque chose à montrer et qui me ressemble vraiment. Un peu comme un long travail de recherche, un peu comme un livre qu'on vient de finir d'écrire. Rien ne m'interdit de continuer, et c'est ce que je ferai. Jusqu'à la mort, sans doute. Je ne sais pas si ce sera ce journal, ou autre chose... Mais je sens en moi que j'ai cette force de continuer, alors autant en abuser. Vivre sans photographier m'est impossible aujourd'hui.
www.messyasz.fr
C'était un défi que je m'étais lancé pour avancer dans ma pratique photographique. Le constat était sévère, je l'accorde, mais je n'aimais pas mes photos. Je les trouvais fades, sans aucun intérêt. Et l'achat de mon premier appareil photo numérique n'allait rien changer, bien au contraire. Le choc fut brutal, presque périlleux.
Au début, faire une photo par jour m'était difficilement tenable, et je ne m'y tenais pas. Ma règle était donc la suivante: "Je dois choisir une seule photo par jour parmi celles que j'ai pu prendre." C'était très difficile. L'argentique et ses précieuses pellicules n'étaient pas de lointains souvenirs, et j'avais le sentiment que le numérique venait gâcher "ma" photographie.
Au bout de quelques mois, le jeu a pris forme, et est devenu moins contraignant. J'entrais enfin dans le vif de ma démarche : "Comment se renouveler quand on a tous les jours les mêmes choses en face des yeux ?"... Aujourd'hui, je n'y pense même plus. Je vis avec, comme le café du matin, comme on part travailler. Je considère à présent cette démarche comme une forme de progrès perpétuel. Une constante remise en question. C'est mon objectif d'humilité. L'idée que je me fais du photographe, c'est celui qui se met à la hauteur du monde qu'il regarde. Jamais plus haut, surtout pas. Et c'est sentir qu'on a toute cette marge de progression devant soi.
Quel regard critique portes-tu aujourd'hui sur ton travail en regardant défiler dix ans d'images en moins de vingt-trois minutes ?
Je vais être franc, je pense qu'il y a dix ans, je ne voyais rien, et qu'aujourd'hui j'ai le sentiment de porter des lentilles correctrices. Mais une vue, ça baisse, alors il faut la contrôler, apprendre qu'on perd un petit peu, et corriger autant que l'on peut. Les premières photos, sans être passéiste, restent sous l'emprise de la nostalgie. Des moments forts, vides, oubliés, qui reviennent en mémoire. Mais vingt-trois minutes c'est court. On ne peut pas mettre dix ans d'une vie dans vingt-trois minutes. Pour moi, en tous cas, c'est impossible.
Comment as-tu sélectionné les photographies présentées dans le diaporama ?
À l'affectif... C'est assez distordu sur une ligne temporelle, mais c'est délibéré. J'ai retenu des photos que j'assume, des moments forts, des secondes qui me sont indispensables, encore aujourd'hui.J'ai volontairement occulté la majorité des moments tristes, souhaitant orienter le diaporama vers une douce poésie, un peu amère, ironique, mais restant tournée vers le lendemain et non vers le passé.
Tu termines le diaporama par ces mots : "Ceci n'est pas une fin. Continuer me semble une évidence." Finalement, n'est-ce pas le propre du photographe de ne jamais s'arrêter de capturer des instants ?
Quand j'ai eu fini les versions préparatoires de ce diaporama, il y a environ un mois, j'ai eu le sentiment d'avoir, pour la première fois, quelque chose à montrer et qui me ressemble vraiment. Un peu comme un long travail de recherche, un peu comme un livre qu'on vient de finir d'écrire. Rien ne m'interdit de continuer, et c'est ce que je ferai. Jusqu'à la mort, sans doute. Je ne sais pas si ce sera ce journal, ou autre chose... Mais je sens en moi que j'ai cette force de continuer, alors autant en abuser. Vivre sans photographier m'est impossible aujourd'hui.
www.messyasz.fr
Août 2008 © Nicolas Messyasz - Tous droits réservés
Février 2011 © Nicolas Messyasz - Tous droits réservés
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Octobre 2010 © Nicolas Messyasz - Tous droits réservés
Janvier 2008 © Nicolas Messyasz - Tous droits réservés