Comment s'est passée la première rencontre avec le réalisateur Damien Steck ?
Julie de Waroquier : Nous nous sommes rencontrés avec Julien Petit, avec qui Damien travaille régulièrement, et qui a fait découvrir le livre Rêvalités à Damien. Damien m’a exposé son envie d’explorer un monde onirique en vidéo ; l’univers de mes photos pouvait alors constituer la base de ce qui ne devait être qu’un clip, sans réelle narration. Mais la rencontre, puis les suivantes, on fait naître une évidence : nos sensibilités artistiques, très proches, pouvaient collaborer de façon plus étroite. Damien a alors souhaité créer un véritable court-métrage scénarisé en puisant dans l’univers des Rêvalités. Il a imaginé un scénario qui m’a tout de suite plu, car il cernait parfaitement l’essentiel de mon univers.
Dès le début, Damien m’a avoué que le projet était ambitieux, aussi bien au niveau du tournage que celui des effets spéciaux. Mais le challenge nous a tous les deux enthousiasmés, et nous nous sommes lancés dans l’aventure.
Dès le début, Damien m’a avoué que le projet était ambitieux, aussi bien au niveau du tournage que celui des effets spéciaux. Mais le challenge nous a tous les deux enthousiasmés, et nous nous sommes lancés dans l’aventure.
Sur les tournages, tu as été très active. Quel était précisément ton rôle ?
Au début j’étais assez réservée. Il fallait que je trouve ma place, et sans appareil dans les mains, j’avais comme l’inspiration coupée. Je ne me sentais pas non plus qualifiée, le monde de la vidéo m’étant complètement étranger ; je n’osais donc pas m’exprimer entièrement dans les premiers temps.
Damien m’a cependant fait intervenir à chacune des étapes, me demandant mon avis, mes suggestions, si bien que peu à peu j’ai pu prendre mes marques. Je n’avais ainsi pas de rôle précis, j’étais davantage une petite voix qui donnait son avis sur tout, et qui aidait autant que possible. Si j’avais une idée d’image lors d’un tournage, je la glissais à Damien qui la filmait aussitôt. Nous guidions le jeu d’Ana tous les deux, étant de toute façon la plupart du temps d’accord sur ce qu’il fallait exprimer. Damien a été très à l’écoute, et loin de me mettre à l’écart du projet, j’ai pu être de plus en plus active et utile.
Damien m’a cependant fait intervenir à chacune des étapes, me demandant mon avis, mes suggestions, si bien que peu à peu j’ai pu prendre mes marques. Je n’avais ainsi pas de rôle précis, j’étais davantage une petite voix qui donnait son avis sur tout, et qui aidait autant que possible. Si j’avais une idée d’image lors d’un tournage, je la glissais à Damien qui la filmait aussitôt. Nous guidions le jeu d’Ana tous les deux, étant de toute façon la plupart du temps d’accord sur ce qu’il fallait exprimer. Damien a été très à l’écoute, et loin de me mettre à l’écart du projet, j’ai pu être de plus en plus active et utile.
Sur tes images, tu es souvent ton propre modèle. Dans le film, tes personnages sont incarnés par une seule personne, Ana Falvius. Qu'as-tu ressenti ?
Dans mes autoportraits, je reste un personnage, au même titre que mes autres modèles. On voit rarement les visages car je veux représenter des personnages universels, auxquels chacun peut s’identifier. Finalement, peu m’importe qui apparaît sur ma photo, pourvu qu’elle se fonde dans l’image et l’idée.
Pour le film, il fallait néanmoins un personnage avec une psychologie plus affirmée, afin que l’on puisse s’y attacher. Ana a su incarner ces deux aspects : d’un côté, elle reprend le type « personnage féminin aux cheveux bruns » que l’on retrouve dans nombre de mes photos, elle a su afficher les expressions détachées qui convenaient à certaines compositions. Mais en même temps, lorsqu’elle a dû pleurer notamment, elle a dessiné une vraie personnalité au personnage du film. J’ai bien aimé cette ambiguïté du personnage, qui recoupe mon univers et celui de Damien.
Pour le film, il fallait néanmoins un personnage avec une psychologie plus affirmée, afin que l’on puisse s’y attacher. Ana a su incarner ces deux aspects : d’un côté, elle reprend le type « personnage féminin aux cheveux bruns » que l’on retrouve dans nombre de mes photos, elle a su afficher les expressions détachées qui convenaient à certaines compositions. Mais en même temps, lorsqu’elle a dû pleurer notamment, elle a dessiné une vraie personnalité au personnage du film. J’ai bien aimé cette ambiguïté du personnage, qui recoupe mon univers et celui de Damien.
Image extraite du film "Rêvalités" - Tous droits réservés
Comment se sont déroulés les échanges avec Damien, avant, pendant et après chaque tournage ?
Damien avait la plupart du temps l’initiative, c’était son terrain. L’écriture du scénario a été assez longue, la difficulté étant d’intégrer mes images à la narration sans que cela semble artificiel. La gestion des transitions était essentielle. Avec Damien, nous tombions très souvent d’accord, pouvant presque finir les phrases de l’autre. Nos suggestions et nos doutes respectifs ont permis d’avancer de manière efficace en étant à l’écoute l’un de l’autre.
Pendant les tournages, Ana bien sûr donnait son avis, Julien Petit également, présent pour filmer : toute l’équipe était motivée, créative et dynamique. J’ai plus de mal à improviser que Damien, mais j’ai essayé d’apporter mes idées dès que je pouvais.
Après chaque tournage, les images étaient évidemment débriefées. Les premiers tournages ont fait office de tests. Damien a identifié ce qui allait être nécessaire selon lui : il fallait pour retrouver mon univers que l’on puisse à chaque scène repérer une photo que j’ai faite ou que j’aurais pu faire. Il fallait que régulièrement on puisse effectuer un arrêt sur image et visualiser une de mes photos. Nous avons donc travaillé sur ce point, Damien me demandant souvent pendant les tournages « Là, Julie, que ferais-tu comme photo ? »
Pendant les tournages, Ana bien sûr donnait son avis, Julien Petit également, présent pour filmer : toute l’équipe était motivée, créative et dynamique. J’ai plus de mal à improviser que Damien, mais j’ai essayé d’apporter mes idées dès que je pouvais.
Après chaque tournage, les images étaient évidemment débriefées. Les premiers tournages ont fait office de tests. Damien a identifié ce qui allait être nécessaire selon lui : il fallait pour retrouver mon univers que l’on puisse à chaque scène repérer une photo que j’ai faite ou que j’aurais pu faire. Il fallait que régulièrement on puisse effectuer un arrêt sur image et visualiser une de mes photos. Nous avons donc travaillé sur ce point, Damien me demandant souvent pendant les tournages « Là, Julie, que ferais-tu comme photo ? »
Comment présenterais-tu Damien après cette expérience ?
C’est un réalisateur passionné qui fonctionne un peu comme moi : il veut tout maîtriser ! Les professionnels avec qui nous avons pu travailler m’ont tous dit que Damien était un ovni, que rarement les réalisateurs intervenaient aussi bien en écriture du scénario qu’en tournage et surtout en post-production. J’ai beaucoup aimé ce côté « fait par soi-même ».
Il sait subordonner sa sensibilité à ses compétences techniques, tout en sachant lâcher prise et laisser le hasard intervenir. Il sait à merveille diriger une équipe en donnant à chacun sa place. Travailler avec lui et l’équipe était un vrai bonheur, il n’y a jamais eu la moindre tension, en un an de réalisation.
Il sait subordonner sa sensibilité à ses compétences techniques, tout en sachant lâcher prise et laisser le hasard intervenir. Il sait à merveille diriger une équipe en donnant à chacun sa place. Travailler avec lui et l’équipe était un vrai bonheur, il n’y a jamais eu la moindre tension, en un an de réalisation.
Une voix off est présente tout au long du film. Dans quel esprit as-tu écrit le texte ? Et quel regard portais-tu alors aux textes de ton livre ?
Je l’ai écrite exactement comme j’ai écrit les textes du livre, avec la contrainte néanmoins de devoir épouser la narration et l’évolution du personnage. Les mots servent de grille de lecture des images, sans imposer pour autant une explication trop didactique. La première version était par conséquent aussi poétique que les mots du livre, ce qui ne se prêtait pas toujours au film : au lieu d’éclairer les scènes, la voix perdait le spectateur. A l’aide du regard de Damien, j’ai donc travaillé à épurer les phrases, à les rendre plus percutantes, tout en conservant la poésie d’origine. Certaines expressions du livre sont littéralement reprises dans le film, dans les moments les plus oniriques.
Image extraite du film "Rêvalités" - Tous droits réservés
Ce projet t'a-t-il donné l'envie de participer à la réalisation d'un autre court-métrage ?
J’ai adoré l’expérience, alors bien sûr, si j’ai l’occasion de replonger dans la vidéo, ce serait avec plaisir. En même temps, je sais que la réussite de cette collaboration tient d’abord aux affinités que j’ai liées avec Damien. Sa façon de travailler, sa sensibilité, ses compétences techniques, ont fait que les conditions étaient idéales pour moi. Je ne sais pas si je pourrai retrouver un cadre aussi propice avec une autre équipe.
Penses-tu que ce film influera à l'avenir sur ta manière de photographier ?
Il y en a déjà… à force de tournages, où chaque image est pensée dans sa relation aux autres et filmée sous divers angles, j’ai le réflexe d’adapter cette façon de travailler en séance photo. Par exemple, je n’arrive plus à imaginer une image sans penser à celles qui lui seraient connexes, alors qu’avant, chaque photo était créée de manière indépendante.
Le reste se décante encore, mais il est certain qu’après un an de travail vidéo, il y aura assurément des séquelles dans les photos !
Le reste se décante encore, mais il est certain qu’après un an de travail vidéo, il y aura assurément des séquelles dans les photos !