Photos : © Nuno Roque - Tous droits réservés
Le premier janvier dernier était lancé l'appel à candidature d'un nouveau prix : le Prix Voltaire de la photographie. Organisé en partenariat avec le Centre des monuments nationaux et consacré au portrait, celui-ci a pour vocation de "soutenir de jeunes créateurs par une dotation mais aussi en produisant puis en exposant leurs images lors d’une itinérance. Celle-ci débutera au château de Ferney-Voltaire. C’est donc tout naturellement que le prix emprunte son nom à Voltaire, patriarche de Ferney, philosophe des lumières et humaniste engagé." En novembre 2019, nous avions échangé avec Olivier Robert, initiateur du prix et directeur du festival des Confrontations Photo (lire l'interview).
Pour cette première édition, soutenue par Compétence Photo, plus de cent cinquante dossiers ont été reçus. Récemment, un comité de sélection s'est réuni afin de choisir les trois finalistes qui seront auditionnés en juin prochain par un jury de professionnels afin de présenter plus amplement leur travail et ainsi prétendre remporter la première édition du Prix Voltaire de la photographie.
Pour cette première édition, soutenue par Compétence Photo, plus de cent cinquante dossiers ont été reçus. Récemment, un comité de sélection s'est réuni afin de choisir les trois finalistes qui seront auditionnés en juin prochain par un jury de professionnels afin de présenter plus amplement leur travail et ainsi prétendre remporter la première édition du Prix Voltaire de la photographie.
Nuno Roque est le troisième finaliste révélé par le Prix Voltaire 2020. En découvrant son univers photographique, on comprend immédiatement qu'il s'agit d'un artiste pluridisciplinaire maniant la satire avec délectation, extravagance et subtilité. Diplômé de l'Academia Contemporânea do Espectaculo - Escola de Artes (Portugal), de la Casa das Artes de Laranjeiras (Brésil) et de l'École Internationale de Théâtre Jacques Lecoq (France), Nuno Roque nourrit sa photographie d'une expérience foisonnante dans le domaine du spectacle vivant et du cinéma. Tout à tour acteur, chanteur, metteur en scène (opéra, théâtre), auteur-compositeur et réalisateur, on en viendrait presque à se demander comment il a trouvé le temps pour devenir photographe. Une double personnalité ? Plus encore. Nuno Roque se met littéralement en quatre pour obtenir ce qu'il veut. Et pour parvenir à ses fins, il n'a pas hésiter à nommer chacun de ses moi : The Villain, The Joker, The Prince et The Boy. "Nous sommes tous constitués de sous-personnalités et celles-ci sont vivantes. Je traite mes différentes sous-personnalités comme des masques, des personnages archétypaux", explique-t-il. Dans ses images, chacun y tient ainsi un rôle bien défini. Car le désir de Nuno est bel et bien de leur tirer le portrait en laissant éclater les joies du paradoxe et de l'absurdité qui animent notre société. "Mélangeant références psychanalytiques, philosophiques et cinématographiques, les images mettent en scène des récits satiriques et surréalistes, faisant parfois allusions à la culture populaire." Et rien ne semble laissé au hasard ; chaque composition est ainsi élaborée dans ses moindres détails ; chaque couleur est choisie de telle manière qu'elle éveille systématiquement une réflexion ou un questionnement. "Mes images sont toutes liées les unes aux autres : elles fonctionnent de manière autonomes, tout en étant les éléments d'un récit plus vaste." Et là encore, pour assouvir sa soif de révéler les contours ambigus de notre société contemporaine, Nuno Roque n'hésite pas à endosser tous les rôles lors d'une séance en studio : photographe, modèle, scénographe, costumier, maquilleur et concepteur lumière. Chaque image réalisée semble alors vécue comme une délivrance. "Je dois faire sortir ces images de ma tête. Sinon, elles hantent mes pensées et je commence à me sentir malade."