Le Révélateur #44 | Tembo, de Nicolas Orillard-Demaire | France | Lille |
Depuis plusieurs années, je suis le travail de Nicolas Orillard-Demaire. Certes, son talent de photographe est manifeste et reconnu, comme en atteste les images présentées ici, et régulièrement exposées à l'occasion de festivals photographiques. Mais plus encore, j'ai plaisir à l'écouter, à le lire. En accord avec lui, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui son travail au long cours sur l'éléphant. Tembo, en swahili. Nicolas nous rapporte "qu'on estime à environ 415 000 individus la population d'éléphants d'Afrique. Chaque année, c'est entre 20 et 30 000 d'entre eux qui disparaissent."
En parlant de l'éléphant, Nicolas raconte : "Il y a peu d'animaux auxquels on peut autant s'attacher. De prime abord, cet être paraît disgracieux, pataud, sans formes agréables à nos yeux. Mais il se révèle dans le temps, dans les détails, dans le comportement. Son empathie me laisse rêveur, le silence de ses pas et sa peau craquelée m'emmènent ailleurs. J'aime sa proximité apaisante. Pour combien de temps encore ?"
Je le laisse poursuivre.
"La pluie est tombée cette nuit et les herbes hautes dégagent une odeur particulière, l'odeur qu'enfant je sentais avant l'orage. Les herbivores ne viennent pas dans cette masse dense dans laquelle les prédateurs se fondent à merveille... Seuls les éléphants et leur groupes organisés s'y aventurent. Ces plaines fertiles à perte de vue sont leur oasis pour quelques temps, avant que la saison sèche ne revienne.
À quelques mètres de moi, les pachydermes évoluent dans le silence le plus improbable qu'il soit. Comment ces mammifères de plusieurs tonnes peuvent-ils à ce point respecter le calme de la savane ? Le seul indice sonore de leur présence provient de l'arrachage des herbes par leur trompe. Ils font partie de la Nature. Ils l'intègrent au point d'en disparaître.
Cette phrase me ferait sourire si elle n'avait pas un double sens. Car un autre "animal" se développe et grandit. Le bruit l'importe peu. Sa présence se doit d'être marquée et remarquée. Quoi de plus normal pour un être au bout de la chaîne de l'évolution ? Se fondre dans la Nature ? Il y a bien longtemps que cette idée le fait sourire et qu'il pille de plus en plus Gaïa qui l'a mis au monde. Ce même animal est à l'origine de la disparition de milliers d'espèces, les éléphants en première ligne. Combien de temps encore entendrons-nous l'arrachage des hautes herbes dans les prairies de l'Afrique ? Combien de temps encore croiserons-nous le regard de ce jeune éléphant ? Combien de temps, encore, laisserons-nous l'animal en nous détruire ce monde ?"
Depuis plusieurs années, je suis le travail de Nicolas Orillard-Demaire. Certes, son talent de photographe est manifeste et reconnu, comme en atteste les images présentées ici, et régulièrement exposées à l'occasion de festivals photographiques. Mais plus encore, j'ai plaisir à l'écouter, à le lire. En accord avec lui, j'ai souhaité vous présenter aujourd'hui son travail au long cours sur l'éléphant. Tembo, en swahili. Nicolas nous rapporte "qu'on estime à environ 415 000 individus la population d'éléphants d'Afrique. Chaque année, c'est entre 20 et 30 000 d'entre eux qui disparaissent."
En parlant de l'éléphant, Nicolas raconte : "Il y a peu d'animaux auxquels on peut autant s'attacher. De prime abord, cet être paraît disgracieux, pataud, sans formes agréables à nos yeux. Mais il se révèle dans le temps, dans les détails, dans le comportement. Son empathie me laisse rêveur, le silence de ses pas et sa peau craquelée m'emmènent ailleurs. J'aime sa proximité apaisante. Pour combien de temps encore ?"
Je le laisse poursuivre.
"La pluie est tombée cette nuit et les herbes hautes dégagent une odeur particulière, l'odeur qu'enfant je sentais avant l'orage. Les herbivores ne viennent pas dans cette masse dense dans laquelle les prédateurs se fondent à merveille... Seuls les éléphants et leur groupes organisés s'y aventurent. Ces plaines fertiles à perte de vue sont leur oasis pour quelques temps, avant que la saison sèche ne revienne.
À quelques mètres de moi, les pachydermes évoluent dans le silence le plus improbable qu'il soit. Comment ces mammifères de plusieurs tonnes peuvent-ils à ce point respecter le calme de la savane ? Le seul indice sonore de leur présence provient de l'arrachage des herbes par leur trompe. Ils font partie de la Nature. Ils l'intègrent au point d'en disparaître.
Cette phrase me ferait sourire si elle n'avait pas un double sens. Car un autre "animal" se développe et grandit. Le bruit l'importe peu. Sa présence se doit d'être marquée et remarquée. Quoi de plus normal pour un être au bout de la chaîne de l'évolution ? Se fondre dans la Nature ? Il y a bien longtemps que cette idée le fait sourire et qu'il pille de plus en plus Gaïa qui l'a mis au monde. Ce même animal est à l'origine de la disparition de milliers d'espèces, les éléphants en première ligne. Combien de temps encore entendrons-nous l'arrachage des hautes herbes dans les prairies de l'Afrique ? Combien de temps encore croiserons-nous le regard de ce jeune éléphant ? Combien de temps, encore, laisserons-nous l'animal en nous détruire ce monde ?"
Photos : © Nicolas Orillard-Demaire - Tous droits réservés