C'était y'a bien longtemps, j'étais encore dans mes vingt ans, un Paris qui n'existe plus, un Paris où je pouvais photographier tout et n'importe qui, et tout et n'importe quoi, sans que l'on me fasse la moindre réflexion. Un Paris fait de petits dealers, de flics, de prostitués et de travelos que je côtoyais la nuit... et qui m'invitaient chez eux histoire de me parler... comme cela... Tout a foutu le camp, moi je l'ai vécu, mais que laissons-nous à nos enfants ?
J'avais de l'Olympus à l'époque, puis du Nikon, du grand angle toujours, 20 mm, 28 mm...
J'étais jeune, pas un rond, et je courais après les filles ; des dames charmantes - j'habitais le 16ème - m'offraient l'hospitalité, je les trouvais bien jolies, un peu ennuyeuses, mais elles prenaient bien soin de mon régime alimentaire... Et à l'époque, elles devaient être moins vieilles que moi maintenant !
On peut dire que je l'ai battu le pavé parisien, et dans tous les sens, et dans tous les coins.
Y'avait pas de digicodes et encore moins de parcmètres, et on pouvait fumer peinard partout ! J'en ai vu des jolies filles, oh elles existent toujours... Enfin pas tout à fait, la parisienne a disparu, de la vraie je parle, celle qui pouvait passer au feu rouge, traversant les passages cloutés, comme une mannequin un jour de défilé, en tenant son chapeau d'une main et le bas de sa jupe de l'autre, alors que les klaxons s'en donnaient à cœur joie, un beau jour de printemps !
J'ai eu froid, j'ai eu faim, bon sang ce que j'ai pu en manger de la "purée jambon sous plastique" (en un seul mot !) pour ces satanées photos...
Je recevais mes Kodachromes par la Poste... Cela pouvait prendre du temps, des mois parfois. Alors, tous les soirs, je glissais mes doigts dans la fente de la boîte aux lettres, pour voir s'il n'y avait au contact de ceux ci une petite enveloppe de papier dans laquelle devait se trouver mes diapos sous cache en carton.
Vingt-cinq asa, parfois soixante quatre... Et puis un beau jour la Kodachrome 200 pro, 200 asa... Le nirvana ! C'était de la semoule, pourtant ce fut ma préférée, comme quoi, j'ai pas l'air con avec les milliers d'asa de mon 5D mk2 !
Je comprends plus du tout aujourd'hui, pourtant au détour de certaines rues, je peux me retourner sur une jolie fille, et je me revois hier, la tête pleine de photographies.
Il est peut-être temps que je reprenne des images dans Paris, alors si celles-ci vous font plaisir... Je vais redescendre dans la rue... "Une petite fille en pleurs, Dans une ville en pluie, Et moi qui cours après, et moi qui cours après, Au milieu de la nuit." "Attends-moi !" (merci à l'ami Claude)
François-Régis Durand
J'avais de l'Olympus à l'époque, puis du Nikon, du grand angle toujours, 20 mm, 28 mm...
J'étais jeune, pas un rond, et je courais après les filles ; des dames charmantes - j'habitais le 16ème - m'offraient l'hospitalité, je les trouvais bien jolies, un peu ennuyeuses, mais elles prenaient bien soin de mon régime alimentaire... Et à l'époque, elles devaient être moins vieilles que moi maintenant !
On peut dire que je l'ai battu le pavé parisien, et dans tous les sens, et dans tous les coins.
Y'avait pas de digicodes et encore moins de parcmètres, et on pouvait fumer peinard partout ! J'en ai vu des jolies filles, oh elles existent toujours... Enfin pas tout à fait, la parisienne a disparu, de la vraie je parle, celle qui pouvait passer au feu rouge, traversant les passages cloutés, comme une mannequin un jour de défilé, en tenant son chapeau d'une main et le bas de sa jupe de l'autre, alors que les klaxons s'en donnaient à cœur joie, un beau jour de printemps !
J'ai eu froid, j'ai eu faim, bon sang ce que j'ai pu en manger de la "purée jambon sous plastique" (en un seul mot !) pour ces satanées photos...
Je recevais mes Kodachromes par la Poste... Cela pouvait prendre du temps, des mois parfois. Alors, tous les soirs, je glissais mes doigts dans la fente de la boîte aux lettres, pour voir s'il n'y avait au contact de ceux ci une petite enveloppe de papier dans laquelle devait se trouver mes diapos sous cache en carton.
Vingt-cinq asa, parfois soixante quatre... Et puis un beau jour la Kodachrome 200 pro, 200 asa... Le nirvana ! C'était de la semoule, pourtant ce fut ma préférée, comme quoi, j'ai pas l'air con avec les milliers d'asa de mon 5D mk2 !
Je comprends plus du tout aujourd'hui, pourtant au détour de certaines rues, je peux me retourner sur une jolie fille, et je me revois hier, la tête pleine de photographies.
Il est peut-être temps que je reprenne des images dans Paris, alors si celles-ci vous font plaisir... Je vais redescendre dans la rue... "Une petite fille en pleurs, Dans une ville en pluie, Et moi qui cours après, et moi qui cours après, Au milieu de la nuit." "Attends-moi !" (merci à l'ami Claude)
François-Régis Durand
Il y a quelques semaines, j'ai découvert cette série de François-Régis, suite à un échange toilé autour de la fin du traitement des films Kodachrome. Les seuls mots qui ont réussi à s'échapper ce jour-là se sont résumés à un "bon sang !".
On parle souvent de piqûre de rappel, avec les compliments du temps qui passe et de l'histoire qui nous dépasse. Cette fois, ce fut une claque de rappel. De celles dont vous rêvez pour vous réveiller d'un mauvais cauchemar.
"Le Paris qui n'existe plus", signée par celui qui me confiait encore tout récemment "avant, quand je voulais voyager, je descendais tout simplement dans la rue", ce Paris-là est empli de notre passé et de cet avenir que nous seuls construisons aujourd'hui. Dans ces images, j'y vois une nostalgie positive, de celles qui donnent envie de redescendre, de pousser cette double porte devant nos yeux, fabriquée minutieusement par nos soins, avec le droit à l'image pour contremaitre.
Pour l'anecdote, François-Régis a perdu une grande partie de sa production de l'époque. Ces trente images sont une partie vivante des quelques centaines de clichés dont il dispose encore.
D'autant plus précieuses.
Aujourd'hui, François-Régis est connu - et reconnu - pour son long travail sur Madagascar. Mais ce serait oublier une grande partie de sa vie que de ne pas montrer ses images de Paris, qui contribuent à enrichir le patrimoine photographique des générations futures.
Chacune de ces trente photographies répond avec bienveillance à une question qui ne me quitte jamais : quelle(s) image(s) laisserons-nous aux futures générations ?
Gérald Vidamment
On parle souvent de piqûre de rappel, avec les compliments du temps qui passe et de l'histoire qui nous dépasse. Cette fois, ce fut une claque de rappel. De celles dont vous rêvez pour vous réveiller d'un mauvais cauchemar.
"Le Paris qui n'existe plus", signée par celui qui me confiait encore tout récemment "avant, quand je voulais voyager, je descendais tout simplement dans la rue", ce Paris-là est empli de notre passé et de cet avenir que nous seuls construisons aujourd'hui. Dans ces images, j'y vois une nostalgie positive, de celles qui donnent envie de redescendre, de pousser cette double porte devant nos yeux, fabriquée minutieusement par nos soins, avec le droit à l'image pour contremaitre.
Pour l'anecdote, François-Régis a perdu une grande partie de sa production de l'époque. Ces trente images sont une partie vivante des quelques centaines de clichés dont il dispose encore.
D'autant plus précieuses.
Aujourd'hui, François-Régis est connu - et reconnu - pour son long travail sur Madagascar. Mais ce serait oublier une grande partie de sa vie que de ne pas montrer ses images de Paris, qui contribuent à enrichir le patrimoine photographique des générations futures.
Chacune de ces trente photographies répond avec bienveillance à une question qui ne me quitte jamais : quelle(s) image(s) laisserons-nous aux futures générations ?
Gérald Vidamment
Quelques instants de plus...
Parce que vous ne pouvez pas ne pas avoir quelques instants de plus pour découvrir le travail de François-Régis Durand, voici quelques liens :
Focale Alternative #8 • octobre 2010
Lancé par Philippe Reale, ce magazine en ligne est sans nul doute la plus belle découverte de l'année 2010. Le numéro 8 se consacre au travail de François-Régis à Madagascar.
Africultures • 6 décembre 2010
Un entretien passionnant de Marian Nur Goni d'Africultures
Le site de François-Régis Durand
Crédits photos : © François-Régis Durand - Tous droits réservés
Focale Alternative #8 • octobre 2010
Lancé par Philippe Reale, ce magazine en ligne est sans nul doute la plus belle découverte de l'année 2010. Le numéro 8 se consacre au travail de François-Régis à Madagascar.
Africultures • 6 décembre 2010
Un entretien passionnant de Marian Nur Goni d'Africultures
Le site de François-Régis Durand
Crédits photos : © François-Régis Durand - Tous droits réservés