Je m’appelle Hector, Bones, Maus, Peggy, Prospero, Chara, Prince. Si j’ai accepté que vous me laissiez seul dans cette voiture, sans supplier ni japper, ne croyez pas pour autant que je partageais votre choix. Et si je reste là, impassible, silencieux, le regard inquiet mais toujours à l’affût, c’est parce que je n’ai qu’un seul souhait : que vous reveniez. Avec The Silence of Dogs in Cars, le photographe londonien Martin Usborne évoque un souvenir d’enfance douloureux : celui du jour où ses parents l’ont laissé dans la voiture le temps de faire quelques courses au supermarché. "Je me demandais si quelqu'un allait revenir. Ça paraît bête aujourd'hui, mais dans l'esprit d'un enfant, être laissé seul pour toujours est une situation tout à fait plausible", avoue-t-il. Ce sentiment, il le partage à travers cette série réalisée avec des chiens. S’il a choisi cet animal, c’est en priorité pour son innocence et son désir de transmettre une émotion. Une expérience qui est allée au-delà des espérances du photographe. Car lors des prises de vue – la série compte pas moins de quarante-et-un clichés – ce n’est pas une attitude que Martin Usborne a réussi à capturer, mais une multitude de comportements, parfois surprenants. Et c’est bien ce qui nous touche ici. Que chaque scène censée suivre un même scénario nous entraîne finalement dans une histoire singulière, où le silence et l’attente sont vécus et partagés à travers une vitre de manière différente par chaque protagoniste. Si l’ambiance générale des images est volontairement sombre, c’est précisément pour nous inviter à reconsidérer notre attitude face à l’indifférence.
La série The Silence of Dogs in Cars est exposée à la Little Black Gallery, à Londres, jusqu'au 27 avril prochain.
Martin Usborne | Angleterre | Le Révélateur #32 | in English
La série The Silence of Dogs in Cars est exposée à la Little Black Gallery, à Londres, jusqu'au 27 avril prochain.
Martin Usborne | Angleterre | Le Révélateur #32 | in English
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